On The Lips [Cabaret]

THANATOS Messages : 9 Date d'inscription : 08/06/2008

Son index glissait habilement sur les bords de son Gin Tonic, les yeux semi-clos, observant les bulles remonter à la surface.

Oswin avait rejoint ce petit cabaret tranquille sur les rives du Palmyrène après le travail. Un jour on-ne-peut-plus ordinaire : il commença par une matinale sportive qui se conclut sur un entraînement d'auto-défense, puis par toute une série de révisions d'actions spécifiques en pilotage bioméchanique dans l'après-midi avant de terminer par un test d'harmonic.

Au sortir du QG, il décida de prendre un verre à l'On The Lips pour se détendre et finir délicieusement cette paisible journée. Il se tenait seul au bar, plongé dans la pénombre. Le barman s'occupait à nettoyer des verres. La chanteuse jazzy était présente mais ne chantait pas encore, elle se contentait de discuter avec ses musiciens. Quelques habitués s'étaient pris les places du fond, un trio de sexagénaires finissaient leur partie de rami, d'autres se racontaient les tracas du quotidien... Enfin, dix-neuf heures s'entamaient rapidement et le cabaret se remplissait peu à peu. Trois minettes qui rentrèrent en rigolant ne manquèrent pas d'attiser les regards des quelques séducteurs invétérés tapis dans la salle. L'On The Lips jouissait d'une bonne réputation pour son élégance, mais ne faisait pas partie des clubs les plus branchés de Melchian City, ce qui lui offrait la sympathie pour ceux qui le dénichaient car il était rarement bondé de monde et souvent calme. Son aspect classique revêtait des ensembles en ébènes rougeâtres sur du parquet flottant recouvert de tapis vert casino. Il jouait des espaces d'ombre et de lumières tamisée, ce qui immergeait le client dans une ambiance sensuelle tout à fait typique des cabarets.

Le militaire de 25 ans ne se soucia guère des jeunes femmes. Il délectait simplement le moment présent en portant l'alcool à ses lèvres.

Admin Messages : 33 Date d'inscription : 01/06/2008

Les Onduleuses entrent en scène aux premières notes des cuivres. Leur surnom, elles ne l’ont pas volé. Leur frou-frou aguichant et leur chute de rein démoniaque sont pour certains les seules raisons qui les poussent à franchir le seuil de l’On The Lips. Parmi elles il y a Carmélia et ses jambes, des jambes qui n’en finissent pas. Pour Nick Belane, le ventru qui s’est installé au bar dix minutes avant son entrée, c’est une déesse. Il parle assez fort pour être entendu par son unique voisin de comptoir.

« Ah Carmélia, même vieille et fripée tu seras toujours ma déesse ! »

Lady Carling, la chanteuse, donne de la voix en souriant.

THANATOS Messages : 9 Date d'inscription : 08/06/2008

Nick Belane a écrit:: - Ah Carmélia, même vieille et fripée tu seras toujours ma déesse !

"En voilà une qui ne l'a pas volé" se dit Oswin intérieurement, "bien lancé la Baleine."

Carmélia avait en effet souvent un pas de retard sur ses consœurs et sa prestation était trop grotesque. M'enfin, parce qu'elle ressemblait vaguement à Marylin Monrœ auparavant, elle avait réussi à se construire un pitoyable lot d'irréductibles adorateurs qui passaient régulièrement au troquet, et s'ils se montraient assez galants, pouvaient passer un petit moment privilégié en sa compagnie après la fermeture du cabaret.

Oswin avait fini son verre depuis déjà un bon quart d'heure et partit s'asseoir à une table après avoir commandé une assiette de riz parfumé avec un filet de dorade cuit aux champignons, accompagné d'un moelleux des années 2000, qui eût été retrouvé en parfaite conservation dans les profondeurs inondées de la défunte et disparue France. Seuls subsistent aujourd'hui de cet havre de paix sa gastronomie, sa diplomatie, son goût des arts et un certain savoir-vivre...
Alors qu'une serveuse lui apportait son plat, les danseuses repartirent en coulisse, Miss Carling s'approcha du piano et la salle s'assombrit afin que le projecteur se focalisa sur la cantatrice. Les premières notes suffirent pour qu'une douce émotion traversa le public en son entier. Elle interprétait Fly Me To The Moon dans une version tout à fait intimiste. Cette chanson était âgée à présent de plus d'un siècle et connut un regain d'écoute auprès de la population melchian en 54, date de son anniversaire. C'était aussi cette même année que débuta la guerre super-technologique Melchiano-gasparan. Elle fût donc beaucoup jouée pendant cette période et elle devînt naturellement le symbole des amours éloignés par la guerre. Trois années passèrent, la mélodie faisait toujours chavirer les cœurs et la guerre n'était pas encore terminé.

Tandis que la plupart des spectateurs avaient les yeux dans le vague ou que certaines femmes se consolaient entre amies, le ténébreux jeune homme dégusta son poisson en fixant la starlette d'un regard aussi stoïque qu'une pierre d'obsidienne parmi une foison de marguerite en plein été.

Admin Messages : 33 Date d'inscription : 01/06/2008

Alors qu'il profite de l'instant, il repense au briefing de ce matin. Demain Melchior donne un meeting et Oswin sera de service. Demain ce sera lui la bête de scène et son démon de titane marquera les mémoires des Melchians venu applaudir le Commandeur.

Au cabaret tout le monde sait qui il est, mais ici personne ne vient l'emmerder, il est comme à la maison, on apprécie ce qu'il fait mais on n'en fait pas une star.